Le faux bien-être au travail

Cette semaine nous avons l’honneur d’accueillir un article invité très intéressant : le   » faux bien-être au travail  » ou comment une bonne idée peut être mal exécutée. 

Laure Zehnacker nous explique cela et nous livre les huit piliers du vrai bonheur en entreprise. 


Il y a quelques années encore, on évoquait dans les cours de management, ce qu’on nommait alors la culture d’entreprise. Souvent, cette culture d’entreprise était une liste de valeurs que l’entreprise souhaitait partager avec ses employés. Peut-être furent-elles différemment formulées ces valeurs, mais nous revenions souvent au même point : « nous donnons le meilleur de nous-même. »

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Cette culture d’entreprise n’en est pourtant pas une. Ce n’est pas en déterminant unilatéralement des règles de vie souvent centrées autour de la productivité, qu’une culture d’entreprise née.

Au contraire, ce sont ceux qui y travaillent qui donne de l’intensité et de l’authenticité à une ambiance d’open space. Et le management en est en partie responsable.

De nombreuses entreprises exposent de nombreux avantages, qui ne sont peut-être pas dans le fond, des facteurs de bien-être réel. Ils atterrissent dans la catégorie du faux-bonheur au travail.

Le bien-être selon les entreprises en 2018

 

Sur de nombreuses offres d’emploi, on y trouve le profil du candidat, la description du poste et ce que l’entreprise a à offrir, question de séduction. On y trouve alors de plus en plus, notamment dans les start-ups, ce que l’entreprise offre au salarié :

  • Organisation des événements d’entreprise
  • Work life balance (équilibre vie professionnelle)
  • Bonne ambiance dans des bureaux modernes et bien agencés (open space)
  • Des fruits, légumes, et boissons à volonté
  • Hiérarchie plate

Le concept est connu et on le retrouve dans de nombreuses entreprises, comme un copié-collé du voisin parce que c’est tendance. Mais quelle déception lorsqu’on se rend compte que les seules boissons à volonté sont le café et les sachets de thé, qu’en ce qui concerne les fruits à volonté, on est loin du bar à vitamines coloré, qu’il n’est pas rare de faire quelques heures supplémentaires sans qu’il y ait une vraie compensation par de l’argent ou du temps libre.

Quant à la hiérarchie, elle n’est pas si plate que ça, lorsque les ordres viennent d’en-haut, indéfiniment, sans que le salarié n’ait son mot à dire.

 

De nombreuses entreprises affichent dans leurs annonces de tels avantages, mais la plupart ne tiennent pas leurs promesses, et même lorsqu’elles les tiennent, cela ne suffit pas à rendre les salariés heureux. Et si nous avions affaire à du faux bien-être en entreprise, car peut-être en faut-il plus pour rendre un salarié heureux ?

Work life balance et Work life Private life balance

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Il y a des termes qui font tendance, les angliciser leur donne de la légèreté, comme un air de vacances. Work life balance, c’est joli à l’oreille, c’est un murmure qui rappelle le Yoga et la plage.

Pourtant, le Work Life Balance que les entreprises prônent n’est pas simplement un terme en vogue, c’est le cœur du sujet que peu de structures arrivent à mettre concrètement en place.

 

Il y a une différence, un malentendu peut-être, entre avoir une vie professionnelle bien équilibrée et équilibrer sa vie professionnelle et privée. Les entreprises pensent souvent à la première : avoir une vie professionnelle bien balancée.

Et comment l’entreprise justifie un bon équilibre dans la vie professionnelle ? En organisant des événements d’entreprises ou des événements d’équipes.

En éparpillant sur l’année des événements d’entreprise, elle souhaite donc apporter aux salariés le sentiment qu’ils ne sont pas là que pour livrer des résultats, mais pour s’amuser entre collègues.

Mais si vous n’allez pas aux événements d’entreprise, il se peut qu’on vous fasse la réflexion, qu’on vous impose de venir, qu’il y aurait des conséquences humaines à ce refus.

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Il est possible que vous ne vous entendiez pas plus que ça avec vos collègues ou que vous préfériez rentrer à la maison pour passer plus de temps avec votre famille. Imposer des événements d’entreprises qui ont lieu en fin d’après-midi et qui rongent le temps libre des salariés, est parfois une mauvaise méthode pour souder les employés et les rendre heureux.

 

Le faux bien-être d’entreprise, c’est cela. Dans la forme, en apparence, les événements d’entreprise contribuent au bien-être de ses employés, sauf si l’événement d’entreprise devient une contrainte sociale pour l’employé.

Pourquoi est-ce que les évènements d’entreprise peuvent être un facteur de faux bien-être ? Parce qu’il peut être subi plutôt que partagé de bon cœur, par pression sociale.

Et si le vrai bien-être était dans la possibilité d’équilibrer sa vie privée et professionnelle ? Par-là, s’entend redonner de la flexibilité et de la liberté aux employés, de les laisser gérer leur vie comme ils le veulent. Sans aller à parler d’idéal, il est possible de redonner de la place à la vie privée dans la vie professionnelle.

L’image d’éthique compte plus que l’éthique elle-même

 

Que met l’entreprise concrètement en place pour respecter le confort et le bien-être de ses salariés ? Existe-t-il une cellule d’écoute, des possibilités d’aménager son temps de travail, d’avoir le droit de prendre 25% sur ses heures pour avancer sur des projets personnels ?

 

Le contrat de travail est par conséquent un contrat entre deux personnes, un compromis trouvé pour respecter les attentes et les obligations des deux signataires. Or, on remarque souvent des conditions unilatérales.

C’est au salarié de s’adapter aux conditions de l’entreprise. Et si le salarié émet des oppositions, il sera alors sanctionné ou ignoré.

Notamment les nouvelles générations veulent plus que de simples valeurs écrites sur les murs de l’entreprise. Elles veulent trouver dans leur travail un réel épanouissement.

Alors le vrai bonheur c’est quoi ?

 

Si l’on arrive à identifier ce qui fait le faux bonheur, on peut ainsi tirer une définition du vrai bonheur au travail. En général, ce qui le définit au-delà de tout, c’est la reconnaissance (monétaire et / ou compliments) qui va faire la différence. Le laisser maître de son travail et lui reconnaître des qualités est un facteur de bien-être. Cela implique de réduire les contrôles et la surveillance de la part des managers. Les managers doivent s’adapter au profil de chaque employé, reconnaître le besoin de liberté ou de suivi de chacun.

 

Il existe donc huit piliers du bonheur réel en entreprise

 

  1. Intégrer un facteur humain dans les résultats d’un salarié

Cela pourrait être « même si tu n’as pas réalisé tous tes objectifs du mois, nous avons vu une réelle motivation et une recherche permanente de solution. Qu’as-tu appris au cours des dernières semaines afin que tu atteignes tes objectifs le mois prochain ? ».

 

  1. Identifier le manager et lui faire confiance

Il existe plusieurs modes de management, allant de l’autoritaire au leader. Il doit être un intermédiaire actif dans la communication entre les besoins de l’entreprise et celui du salarié, être à l’écoute des deux parties et former des équipes qui s’entendent, qui partagent une certaine forme de sympathie.

 

  1. Sensibiliser le manager aux besoins de ses employés

En cas de difficulté, il est important que le manager soit à l’écoute de ses employés pour lui apporter un soutien dans l’équipe ou l’intégrer à une structure qui lui permet de se réaliser.

Le manager doit être en mesure de comprendre les difficultés et les besoins pour proposer des solutions solides à l’épanouissement d’un projet et de ses employés. Ce genre de cellule d’écoute est nécessaire pour rétablir une communication fluide dans l’entreprise. Elle va notamment réduire les périodes de stress et d’anxiété.

 

  1. Donner aux salariés un sens à leur travail

C’est l’enjeu essentiel des nouvelles générations qui se refusent de plus en plus à faire des tâches dénuées de sens et répétitives.

 

  1. Mettre en valeur les performances collectives et individuelles

Il est important de souder les équipes et de mettre en avant un travail d’équipe efficace, sans privilégier la compétition.

Mais cela n’exclut pas la performance individuelle qui peut être reconnue à sa juste valeur, non dans un but compétitif.

 

  1. Rendre les actions authentiques

Cf. ritualiser des événements d’entreprise avec des personnes qui ne partagent pas une grande amitié. Il est important que certains événements de l’entreprise ne soient pas ritualisés parce qu’on a toujours fait comme ça.

 

  1. Prévoir des espaces de travail fixes et flexibles

Fini le chef qui décide de la place de son bureau dans l’open space. Les salariés devraient avoir leur mot à dire. Certains travaillent mieux debout, d’autres ont besoin de silence, d’autres d’avoir leur écran protégés des regards.

Il est important d’avoir un bureau fixe, mais il est également important de permettre au salarié de changer de place ou de pièce pour travailler différemment.

 

  1. Mettre en place des indicateurs sur la santé (risques psychosociaux) et sur le bonheur des salariés

L’entreprise doit mettre en place un baromètre du bonheur pour se rendre compte de l’ambiance générale qui règne dans son enceinte. Dépression, burn-out ou bore-out, sont des facteurs d’un mal-être généralisé dans l’entreprise.

Conclusion

 

L’entreprise libérée pourrait aller dans ce sens, car il est question de desserrer l’étreinte que le salarié peut ressentir autour de sa liberté d’action.

Il faut donc replacer le salarié dans un milieu humain de l’entreprise où ses oppositions doivent être écoutées et résolues.

Le salaire n’est plus le seul levier du bonheur, bien au contraire. Les nouvelles générations préfèrent de plus en plus apprendre de leur travail et s’y épanouir, plutôt que des hausses de salaires.

Il faut se méfier du faux bien-être au travail qui est un copié collé de tendances en vogue et qui ne sont pas forcément à la hauteur de leur promesse.

Laure Zehnacker, rédactrice pour Mon comparateur

Photo de Ketut Subiyanto
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